Retour à Bastia
René Fregni se présente : » A l’âge de 19 ans, comme tous les jeunes gens, je fus appelé sous les drapeaux, je m’y rendis mais sans trop me presser. J’arrivai à la caserne souriant, bronzé et on me mit au trou. Mi-figue Mirador j’y croupis quelques mois en compagnie du silence et des puces. Un beau matin le désir me vint d’être amoureux. Je m’évadai de ce cachot. Déserteur. Muni de faux papiers je franchis la frontière, courus l’Europe, me livrai aux menus travaux et misères de la route, séjournai à Istanbul. Je revins deux ans plus tard caresser ma langue maternelle. A Marseille on m’embaucha dans un Hôpital Psychiatrique comme auxiliaire puis infirmier. Pendant 7 ans j’observai les étranges contorsions de la folie. Ayant un peu perdu là toute notion du bien et du mal j’écrivis deux pièces de théâtre que je jouai dans le Sud de la France. Sans m’en rendre compte je glissai du théâtre à l’écriture romanesque et là tout me servit : ce que j’avais vu dans les prisons militaires, sur les routes, à l’asile. J’entamai alors le grand voyage immobile. Je savais qu’un jour Rimbaud avait dit : » En avant, Route ! » Il ne me restai plus qu’à faire le plein de mon stylo« .
René Fregni, né en 1947, vit à Manosque. Il a connu une existence mouvementée avant de se consacrer à l’écriture. Il a longtemps animé des ateliers d’écriture à la prison des Baumettes. Il est l’auteur d’une douzaine de romans et de quatre albums pour la jeunesse.
« René Frégni est plus qu’un grand écrivain. Ses nombreux prix littéraires ne l’éloignent pas des autres. C’est un père et un éducateur. Ses interventions dans les prisons et les écoles, son humanisme, son humour, sa gentillesse, sa volonté constante de partager ses savoirs, en font un gentleman des lettres » Jean Darot – Parole Editions
Les chemins noirs, (Denoël, 1988) Folio Gallimard, 1992 Prix Populiste
Un homme jeune, très jeune, commet un jour sans le vouloir un acte irréparable, et dès cet instant la vie sera pour lui une longue cavale qui le mènera de Verdun à Paris, de Paris à Marseille, de Marseille en Corse, de Corse en Italie, d’Italie au Monténégro, du Monténégro en Turquie, de Turquie en Grèce, et enfin Grèce à Marseille, dans l’immédiat après-Mai 68, où il découvrira en tant qu’aide-infirmier cet autre monde qu’est l’hôpital psychiatrique. Telle est donc la trame picaresque du premier roman de René Frégni qui sait de quoi il parle, longtemps familier de la route et compagnon de l’aventure, et qui surtout exprime admirablement la solitude, la détresse, l’humour et l’inébranlable volonté de survivre d’un être désormais en marge.
Bibliographie (extraits)
Sous la ville rouge le nouveau roman de René Frégni sortira aux éditions Gallimard à la mi avril 2013
La fiancée des corbeaux Prix Jean Carrière 2011
Tu tomberas avec la nuit, Denoël, 2008
Lettre à mes tueurs, Denoël, 2004
Elle danse dans le noir, Denoël, 1998, Prix Paul-Léautaud
Les Nuits d’Alice, Denoël, 1992, prix Cino del Duca
Tendresse des loups, Denoël, 1990, Prix Motta de l’Académie Française
Tous ces titres ont été réédités chez Gallimard (coll. Folio).
Albums jeunesse
L’étrange Noël de Léa, ill. Marion Piffaretti, Magnard jeunesse, 2004
La Nuit de l’évasion, Bayard jeunesse, 2001